Il avançait calmement dans les galeries, délaissées par les touristes après la fermeture du musée. Il passa distraitement devant la Victoire de Samothrace, sans prêter le moindre intérêt à la grâce, à la puissance qui se dégageait de la sculpture de la déesse Niké. Il grimpa quelques marches vers le premier étage de l’aile Denon, traversa le couloir des peintures italiennes du XIII-ème au XV-ème siècle. Il n’accorda pas plus d’attention aux toiles de maître, l’esprit entièrement focalisé sur son objectif. Il tourna à droite vers la salle de la Joconde. Le trésor qu’il cherchait était juste là, à sa portée.
Il aurait aimé pouvoir savourer cet instant, mais c’était bien entendu impossible. Pas comme ça, pas ici. Bien trop risqué. En tendant l’oreille, il entendait, au loin, les pas pesants du vigile. Il disposait, au plus, d’une ou deux minutes. Ça suffirait largement à ses besoins. Il saisit son trophée et, empli d’euphorie, s’enfuit par une bouche d’aération avant que n’arrive le garde.
Alors seulement, le rat prit le temps de grignoter les restes de la barre de Twix qu’un visiteur irrespectueux avait, plus tôt dans la journée, jetés au sol.
Date d’écriture: 2020