La déclaration

Le politicien dit qu’il allait être difficile de maintenir les taxes au niveau prévu, mais qu’il comptait tout de même s’en tenir à ses promesses. Le journaliste nota qu’il serait difficile de maintenir les taxes au niveau prévu. Le journal télévisé annonça en scoop qu’une augmentation des taxes était à craindre. L’auditeur entendit que les taxes allaient augmenter. L’opposition dénonça violemment la rupture des promesses électorales sur le sujet des taxes.

Et personne, jamais, ne revint sur la déclaration initiale du politicien.

 

Date d’écriture: 2015

L’œuf d’or

Il était une fois un humble paysan, qui s’occupait de ses poules sans la moindre prétention. Dans cette vie banale survint un évènement inattendu : un beau matin, il trouva dans son poulailler un énorme œuf d’or !

Le paysan était criblé de dettes. Il s’assit par terre et réfléchit : « Si je vends cet œuf, je pourrais sûrement rembourser mes dettes. Mais… quels joyaux cet œuf merveilleux peut-il bien contenir ? S’ils sont aussi précieux que leur contenant, me voilà désormais riche ! »

Il cassa aussitôt l’œuf d’or. Et que trouva-t-il à l’intérieur ? Un simple jaune d’œuf.

 

Date d’écriture: 2005
Exercice de ré-écriture à partir d’une comptine populaire.

Frayeurs nocturnes

Crac ! Qu’est-ce que c’est ? Un cambrioleur aux abois, prêt à tout pour obtenir son butin ? Un fantôme nocturne, bien décidé à hanter ma demeure ? Une bête sauvage, en quête de son prochain repas ?

Crac ! Le cœur battant, je m’arme d’une lampe-torche et repousse les ténèbres de son faisceau.

Crac ! Ma lampe se pose sur le coupable et le bruit s’interrompt. Une souris, effrayée par mon apparition, abandonne le paquet de biscuit sur le sol et détale vers le grenier.

J’avais raison. C’était une bête sauvage.

 

Date d’écriture: 2013

Disparitions

Je meurs à petit feu. Une maladie incurable. La vieillesse.

Quand je partirai, une foule d’expériences disparaîtront avec moi. Les levers de soleil flamboyants, sur cette plage sans nom au Costa Rica. Cette jolie fille dont le visage s’estompe, avec qui j’avais fait l’amour le 14 juillet de mes 19 ans. Le goût acidulé des glaces à l’italienne au citron, dans cette gelateria en Sicile. La joie indescriptible de tenir mon nouveau-né dans mes bras à la maternité régionale de Lorraine. Et tant encore, que nul autre humain n’a vécu. Quand mes yeux se fermeront, ces souvenirs m’accompagneront dans les limbes.

Après tout, ça ne manque pas de sens. Place aux nouveaux joueurs. Puissent-ils viennent vivre des choses aussi fantastiques.

Date d’écriture: 2017