Les dryades prétendent qu’à quelques milliers de kilomètres au nord-ouest-bas, l’Arbre-Monde se termine, que ses branches disparaissent progressivement pour laisser place à un vide étrange, inconcevable.
Longtemps, j’ai cru qu’il ne s’agissait que du délire d’esprits dérangés, torturés par la toute-puissance de l’Arbre nourricier. Mais voilà. Il y a quelques mois, je suis allé en reconnaissance aussi loin que je le pouvais vers l’est-haut, et j’en ai vu un, moi aussi. Un trou dans notre univers, un espace de néant absolu où n’apparaissait que du bleu, parsemé ici et là de zones blanches indistinctes et mouvantes.
J’ai gardé cette information par devers moi. Le Conseil Arboricole me tuerait si je répandais de telles hérésies. Mais pourtant… mes sœurs et frères sylvains doivent savoir. Ils doivent savoir que, malgré son apparente omnipotence, le pouvoir de l’Arbre-Monde n’est pas absolu, qu’il s’arrête quelque part. Ce qu’il y a aux confins, même en l’ayant vu, je ne peux l’appréhender. Peut-on se mouvoir dans ce néant bleu ? Les zones blanchâtres sont-elles les âmes de ses rejetons, des âmes si mauvaises que l’Arbre-Monde lui-même les a rejetées ?
Il me faut à tout prix le découvrir. J’ai besoin de preuves. Je pars demain pour retrouver cette déchirure dans notre univers, pour l’étudier. Je laisse néanmoins cette feuille derrière moi, pour qu’elle pousse et délivre la vérité à ceux qui sont prêts à l’entendre. Ainsi, si je venais à mourir lors de mon périple, ma découverte ne disparaîtrait pas avec moi.
Parce que je n’ai aucune idée de ce que je vais découvrir au-delà de notre univers.
Date d’écriture: 2020
Besoin de liberté ? Sans rire, ça fait penser à Osukateï de Geoffrey, tu l’as lu ? Tu pourrais aimer.
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Pas encore, mais ça fait partie des trucs que je veux lire un jour… quand ma vie m’en laissera le temps. 🙂
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