Qu’est-ce qui fait une dune ? Un grain de sable ? Dix grains de sable ? Un million de grains ? Il n’y a pas de limite claire – la dune est ce qu’on appelle une propriété émergente, quelque chose qui apparaît peu à peu au fur et à mesure qu’on ajoute des grains.
Une théorie veut qu’il en aille de même pour la conscience, que ce soit une propriété émergente causée par l’accroissement en nombre de neurones de notre cerveau. En bref, il suffit qu’assez de cellules partagent des informations pour que la conscience se fasse.
Si cette théorie est vraie, ça met d’emblée fin au débat sur l’intelligence artificielle : un réseau de machines n’est rien d’autre qu’un ensemble de cellules mécaniques qui se partagent des informations, et en ce sens il pourrait effectivement accéder à la conscience. Cette idée est connue, acceptée, alimentée par les scénarios catastrophes où les machines se retournent contre leurs créateurs.
Mais certaines conséquences de cette théorie sont plus subtiles, plus… perturbantes. Nous autres, humains, nous parlons (parfois). Je dis bonjour à mon voisin, je lis les informations, et je réagis en fonction de ce que je reçois. Je peux donc être considéré comme une cellule, sans doute complexe, qui interagit avec les cellules voisines. Ce qui fait qu’un groupe d’humains pourrait également faire naître une entité de plus haut niveau, une entité collective, une entité… consciente.
Peut-être, même, est-ce déjà le cas. Impossible à dire. Nous sommes incapables d’appréhender ce à quoi ressemblerait ce genre de conscience.
Pas plus qu’un neurone ne peut accéder à l’ensemble du cerveau.
Date d’écriture: 2019