Je pense donc je suis. On connait tous cette fameuse citation de Descartes, son cogito, la seule vérité dont il ne peut douter. Mais en avez-vous vraiment considéré tous les aspects ?
D’abord, JE pense donc je suis. Je n’ai aucune preuve que la personne à laquelle on attribue cette citation, ce cher René Descartes, pense effectivement. Après tout, je n’ai pas vécu sa vie, moi. Et si on pousse à l’extrême cette unique certitude cartésienne, on atteint le solipsisme qui, dans sa version la plus mégalomaniaque, proclame que je sois la seule lueur de conscience en ce monde, tandis que vous n’êtes tous que des projections de mon esprit dérangé. Si bien qu’il faudrait réattribuer la citation à moi-même. La classe, non ? Bah, ne vous donnez pas la peine de répondre, je ne suis même pas sûr que vous existiez.
Ah ! Mais bien sûr, que je crois que vous existez – vous seriez quand même des projections rudement sensibles, hein ! Moi, par contre… j’ai un aveu à vous faire : je ne pense pas toujours. Il y a des moments ou je suis, littéralement, inconscient – pendant certaines phases de sommeil, ou si on m’assomme (ce qui, fort heureusement, n’arrive pas tous les jours), ou encore quand je prends le train et laisse mon cerveau en mode automatique en attendant ma station. Alors… est-ce que, pendant ces moments, je cesse d’exister ? Si je ne pense pas, qui me dit que je suis toujours ?
Une dernière, pour la route : Descartes doute de nos sens, car ils peuvent être altérés (si vous en doutez, on s’en recause après quelques verres de vodka). Mais ma pensée est elle-même altérée par ce que m’envoient mes sens : j’ai généralement des idées plus joyeuses après un baiser langoureux, et plus… maussades après m’être cogné le petit-doigt de pied sur le coin de la table. Donc mes sens, faillibles, nourrissent ma pensée qui est inévitablement, elle-aussi, faillible. Donc, quand j’affirme que « je pense donc je suis », on ne peut pas écarter la possibilité que je me plante en beauté, un peu comme quand je croyais au Père Noel parce que hey, il y a des cadeaux au pied du sapin, c’est pas une preuve ça ?
Voila. Tout ça pour dire que je pense que Descartes manquait un peu de rigueur, avec son cogito. Et pour affirmer que la seule attitude vraiment rationnelle, c’est d’accepter qu’il n’existe pas de certitudes absolues. En tous cas, moi, j’en suis à peu près certain.
Date d’écriture: 2019
Attention : malgré une conclusion que je défends bec et ongles (oui, je pense réellement qu’il est irrationnel d’entretenir des certitudes absolues), la « démonstration » est volontairement truffée d’inexactitudes et de contre-vérités. Une autre façon de célébrer ce premier avril, et d’encourager à douter même des démonstrations apparemment correctes… à ce propos, j’offre un cogito d’or à qui saura trouver tous les sophismes, mensonges et techniques de manipulation qui se cachent derrière ce texte !
Je préfèrerai un Mojito à la place…! 😀
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Ça doit pouvoir s’arranger ! 🙂
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En ce qui me concerne, ça me dérange d’assimiler l’être à la pensée. Je ‘suis’ même quand je ne pense pas, na ! Sacré Descartes… il aurait mieux fait d’y jouer … aux cartes
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