La joie et les choses

La joie n’est pas dans les choses, elle est en nous. En tous cas, c’est ce que prétendait la citation de mon fortune cookie. Richard Wagner. Drôle de citation de la part d’un type plutôt porté sur l’antijudaïsme, dont la musique a ensuite été mise en avant par ceux qui ont joyeusement tué des millions de personnes. Non qu’il aurait adhéré avec leur solution jusqu’au-boutiste… après tout, le premier amour de Wagner et nombre de ses amis étaient d’origine juive. N’empêche, la citation sonnait comme une fausse note persistante et faisait vibrer quelque chose en moi.

Pour la première fois depuis bien longtemps, je me permis une vague introspection. Non, non, définitivement non. N’en déplaise à Wagner, il ne demeurait aucune joie en moi. Guère plus qu’un vague relent amer, un résidu des années passées, de ce que j’aurais pu être et ne serais jamais plus. La joie avait été là, je crois. Mais elle avait fui petit à petit, un mauvais choix à la fois. Quand j’ai tourné le dos à mes amis pour intégrer ce groupe vachement plus cool au lycée. Quand j’ai accepté ce travail de fossoyeur qui consiste à virer des gens à longueur de journée. Quand j’ai abandonné ma femme et mon enfant à leur sort pour gravir plus rapidement les échelons.

Non, Richard. La joie est partie et ne reviendra pas. Il ne me reste que les choses.

Date d’écriture: 2019

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