La fin d’un monde

Le monstre avait fréquemment été aperçu à proximité de sa demeure, mais jamais encore il n’avait causé le moindre tort. Et voilà que subitement, sans autre signe avant-coureur, il s’était mis à tout piétiner sur son passage. Les tours altières qu’elle avait contribué à bâtir, les complexes souterrains débordant de vie, rien n’échappait à ses coups redoublés. Alors, elle se dirigea en toute hâte vers le palais. Il fallait, à tout prix, protéger la reine de cette catastrophe. Sa vie entière, elle lui avait été loyale ; en retour, elle avait bénéficié de sa royale protection. Maintenant, c’était à son tour de protéger la souveraine, au péril de sa vie s’il le fallait.

Elle se faufila entre les membres démesurément grands de la créature, sans se faire remarquer, et plongea dans les entrailles de la terre. Elle connaissait les lieux comme sa poche, pour les avoir arpentés jour et nuit. A plusieurs reprises, elle dut faire demi-tour pour contourner des éboulis. Le sol tremblait sous la fureur de l’assaut, mais elle ne perdit pas courage. Et soudain, elle était arrivée – la reine, déjà entourée par nombre de ses fidèles, tentait de trouver une sortie à cet enfer. Elle leur indiqua le chemin qu’elle venait de parcourir, et la cohorte le franchit en sens inverse. Fort heureusement, la créature concentrait ses efforts sur les constructions et les ignora à nouveau. Et enfin, ils furent en lieu sûr. La reine avait survécu.

Tous observèrent silencieusement la destruction de leur ancienne demeure. Puis, sans un mot, les fourmis s’attaquèrent à la construction d’une nouvelle fourmilière.

Date d’écriture: 2019

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