Quand on apprit à Laetitia le décès de son grand-père, la chose lui parut irréelle, abstraite, incompréhensible. Papi Hervé avait toujours été là pour l’accueillir avec Mamie Eléanore, dans leur maison à la campagne. Elle comprenait les mots, bien sûr, mais c’est comme si à tout moment, quelqu’un allait lui annoncer qu’ils avaient fait erreur à l’hôpital – désolé madame, ce n’était pas Papi Hervé, on s’est trompé, c’est quelqu’un d’autre qui est parti et on a confondu, votre grand-père est toujours un roc, debout contre le vent même dans l’adversité, ne vous en faites pas.
Mais comme l’appel ne venait pas, elle se résolut, à contrecœur, à croire que tout ceci était vrai. Intellectuellement, du moins. A l’enterrement, quelque chose sonnait toujours faux. A tout moment, elle s’attendait à le voir arriver, avec son large sourire habituel, et la serrer contre son cœur comme il le faisait d’ordinaire. Comment un si petit cercueil pouvait-il contenir quelqu’un comme lui ? Elle ressentit l’émotion, la tristesse, mais comme à distance, comme si ça arrivait à une étrangère qui habitait son corps. Et la vie reprit son cours.
Quelques semaines plus tard, comme elle s’apprêtait à appeler Mamie Eléanore pour prendre de ses nouvelles, elle remarqua avec un pincement au cœur que le contact, sur son téléphone portable, indiquait toujours « Papi Hervé & Mamie Eléanore ». Elle entra dans ses contacts et appuya sur le bouton éditer, un petit bouton en forme de crayon qui écrit. Sa main tremblait. Quand elle effaça le prénom de son grand-père, elle fut prise de sanglots incontrôlables et s’effondra dans son petit canapé, des larmes coulant abondamment sur son téléphone.
Papi Hervé était désormais officiellement mort.
Date d’écriture: 2019
🖤 ❤ 💘
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A tous les papys Hervé du monde, qui resteront à jamais dans les coeurs des petits grands enfants.
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Un superbe court-métrage sur le même thème : https://www.youtube.com/watch?time_continue=877&v=YNyZr46GQ5c&feature=emb_logo
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