Je m’assois. Dehors, une voiture klaxonne. J’entends vaguement quelques cris, étouffés par le double vitrage. Sur la table, une auréole de café indique l’endroit où une tasse a jadis débordé. Qui la buvait? Combien de temps pour lui? Les taches sont anciennes, presque incrustées sur le revêtement de la table. Il doit être… non, ne pas y penser. Pas maintenant.
Je regarde le mur. Une affiche vante les mérites d’une bonne hygiène de vie. Dents blanches et grand sourire. Ne passez pas par la case maladie et vivez centenaire. Putain, je l’ai suivi, votre manuel. Je ferme les yeux. Passe à autre chose. Vide… ne pas penser. Juste le néant. Tout se rapporte à ça, en fin de compte.
Tic, tac, tic, tac. Le discret défilement de ma trotteuse me ramène à la réalité. Je perds mon temps, coincé dans cette salle d’attente. Impersonnelle, aseptisée. L’odeur chimique agresse mes sens. Que me dira blouse blanche? J’ai peur, tout à coup. Pas de mourir, non. De ne pas vivre.
Combien de tics encore? Au fond, je ne veux pas savoir. La secrétaire se lève en me voyant sortir. Monsieur, attendez, vos résultats, vous ne pouvez pas… Je note son subtil parfum. Lilas et jasmin. Oasis olfactive dans ces senteurs de chloroforme.
Je ne peux pas sortir? Bien sûr que je peux. Au fait, êtes-vous libre ce soir? J’aimerais beaucoup partager quelques instants avec vous.
Date d’écriture: 2015
J’imagine la raison pour laquelle tu publies cette histoire maintenant.
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