Inclusive

2018      Ô orthographe, mise à bas de ton piédestal ! Contre quelles nouvelles attaques tes défenseurs·euses devront-ils·elles encore lutter ? Cette écriture qui prétend aujourd’hui te remplacer, au nom d’une soi-disant évolution de la société, est, n’hésitons pas à le dire, une hérésie. La langue de Molière ne saurait se voir ainsi défigurée, lacérée par les assauts féroces d’une culture populaire et égalitaire. Nous, garant·e·s de ta forme la plus pure, ne tolérerons pas un tel affront ! Le masculin·féminin l’emportera toujours, ne vous en déplaise !

1673      O reforme impie, qui pretend avaliser les infames manieres des jgnorants et des simples femmes ! Nous autres hommes de lettres ne sçaurions approuver une telle phantaisie, une mise a disposition de l’art noble de l’escriture pour la plebe qui grouille a nos pieds. Nostre escriture est pure et limpide ; nous nous reclamons de ce que certains nomment quelque peu hastivement l’ancienne orthographe, et que nous nommons simplement l’Orthographe. Puisse-t-elle conserver son inalterable aesthetique pour les siecles a venir !

Date d’écriture: 2018
Toute forme d’ironie face au péril mortel que représente
l’écriture inclusive est parfaitement assumée.

2 réflexions au sujet de « Inclusive »

  1. Juste pour clarifier, même si je suis plutôt favorable à l’écriture inclusive dont l’intention me semble louable, je n’en suis pas non plus un farouche défenseur. Simplement, je m’amuse d’entendre des arguments comme « c’est un péril mortel pour l’orthographe » (argument avancé par l’Académie française, plus de lecture sur le sujet ici : http://www.academie-francaise.fr/actualites/declaration-de-lacademie-francaise-sur-lecriture-dite-inclusive).

    A celles·ceux qui s’inquiètent d’un accroissement de la complexité de la langue (c’est argument avancé par l’académie), je dirais que bien que l’argument soit fondé, le surcroit de complexité me semble assez faible. A mettre en perspective avec les nombreuses règles, exceptions aux règles et… exceptions aux exceptions dont la langue française fourmille.

    Aux conservateurs·trices (et ce n’est pas, ici, la position tenue par l’Académie française), je répondrais que toutes les évolutions de l’orthographe se sont par le passé faites pour en refléter l’usage. En d’autres termes : que l’écriture inclusive entre suffisamment dans les mœurs et l’orthographe s’en fera tôt ou tard le reflet. Est-ce une bonne ou une mauvaise idée, c’est un autre débat, mais l’orthographe est ce qu’on en fait, pas un ensemble de règles monolithiques à préserver à tout prix telles quelles.

    Pour l’anecdote, j’ai écrit moi-même le texte censé être de 1673, mais je me suis pleinement inspiré de faits réels : la référence aux « ignorants » et aux « simples femmes » est une citation historique de triste mémoire, qui nous vient de l’académicien Mezeray (et écrite, donc, en 1673, d’où le choix de cette date pour ma bafouille fictive). J’ai tenté de mon mieux de reproduire l’orthographe de l’époque, en me servant de références en ligne vers les dictionnaires officiels de l’époque. Mais n’étant pas expert en la matière, je me serais sans doute fait retoquer par l’académicien pour mes nombreuses fautes, ignorant que je suis !

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