« Je ne suis pas raciste mais… » On a tous entendu cette introduction. Certains d’entre nous l’ont probablement prononcée. Alors regardons en détails : qu’est-ce que ça dit au juste ? D’abord et avant tout que l’idée d’être raciste rebute celui ou celle qui parle, peut-être même lui fait honte. Un bon point, ça. Mais le hic, c’est que cette introduction trahit aussi un besoin de se justifier de ce qui va suivre. En gros, le message est « ce que je vais dire pourrait paraître raciste, mais promis juré craché ça ne l’est pas ». Vraiment ? Sérieux ?
Au mieux, si c’est vrai, c’est maladroit. Quelle est la première chose à laquelle vous pensez si je vous dis « je ne suis pas un éléphant » ? Si vous êtes normal(e), à moi, et à un éléphant. Et quelle est la première chose à laquelle vous pensez si je vous dis « je ne suis pas raciste » ? Hhmmm… a priori, plus vraiment à un éléphant, n’est-ce pas ?
Bon, et si ce qui suit est vraiment raciste, comme dans 90% des cas où cette introduction est utilisée ? Alors le message reçu est « non seulement je n’assume pas d’être raciste, mais en plus je me cache derrière une soi-disant ouverture d’esprit pour tenir des propos xénophobes ». Et là, ça craint. Vraiment. Quand on n’assume pas une de nos opinions, c’est souvent pour une très bonne raison.
Date d’écriture: 2017
Je n’aime pas les racistes, mais… 😉
C’est vrai, les négations justificatrices cachent toujours quelque chose. Elles servent très souvent à tenir le propos contraire. Ca n’est pas une rhétorique très coûteuse à mettre en oeuvre mais elle ne fait pas illusion????
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Non non – j’assume pleinement mon rejet du racisme mais je n’en rejette pas pour autant les racistes eux-mêmes. Pourquoi ? De mon point de vue, la plupart sont manipulés volontairement, ou involontairement embrigadés dans une « atmosphère » générale de défiance envers l’autre. Evidemment il existe aussi un noyau dur de fervents convaincus, mais je crois que ça reste une minorité, active sans doute, mais minoritaire néanmoins. Je peux me tromper, bien sûr, alors pour réconcilier les sceptiques appelons ça ma manière à moi de continuer à avoir foi en mes voisins. 🙂
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J’avoue que pour m’être fait traiter de raciste une fois par un banlieusard d’origine inconnue (je lui ai pas demandé mon pedigree), j’aurais parfois tendance à me justifier. Aujourd’hui, certaines choses sont très vite mal interprétées parce que les tensions raciales sont à leur comble. C’en est fatiguant parce qu’il y a des conversations qu’on ne peut plus avoir.
Je pense aussi à tous ces gens qui te diront ‘moi j’aime pas les arabes’ et qui en ont des cartons entiers dans leur liste de potes (qu’il apprécient particulièrement). Qu’est ce qu’ils sont eux finalement ? Je crois qu’ils ne le savent même pas… 🙂
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Pour moi, le racisme, c’est pas vraiment une question d’individus, c’est plus une question de préjugés sur un groupe (pas toujours très bien défini d’ailleurs). Je veux dire, c’est quoi un arabe ? A partir de combien de générations on continue à s’appeler comme ça ? Bref, par « j’aime pas les arabes » j’aurais tendance à entendre « j’aime pas ceux qui sont pas comme moi ». Et surprise : dans le lot, il y en a qui ne sont finalement pas si différents de soi et qui peuvent même devenir amis. Pas si différent de son propre groupe en fin de compte : pour moi au moins, quelques-uns peuvent devenir de vrais amis, la plupart sont parfaitement fréquentables mais n’allumeront jamais l’étincelle, et quelques-uns… hhmmm… je ne trouve pas de mot élégant ! 😮
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