Un sentiment diffus mais puissant nait peu à peu pendant que l’artiste travaille. L’odeur âcre de la peinture, la sensation des pigments sous ses doigts – personne, jamais, n’a réalisé quelque chose de semblable dans le passé. Derrière lui, une foule de plus en plus nombreuse s’amasse. Chacun se tord le cou, impatient de découvrir l’œuvre finale, étonné, ému. Mais personne ne dit mot. S’il ne s’était retourné, l’artiste aurait pu se croire seul au monde.
Un dernier trait, et voilà son œuvre terminée. Une femme enceinte, stylisée. Derrière lui, sa femme sourit. Encore quelques jours et ils seront parents pour la première fois. Un murmure monte de la foule derrière lui. Tous s’approchent soudain, examinent l’œuvre, le prennent dans leurs bras, essaient de voir, de toucher chaque centimètre carré de la peinture. Ce sera sa trace sur le monde.
Dans la foule, une jeune femme montre la peinture à son petit ami. Le guide explique quelque chose. Je ne l’écoute plus. J’imagine cette émotion primitive, animale, envahir l’artiste qui a peint les murs de la caverne. Je la ressens. Dans quelques jours, je serai parent pour la première fois.
Date d’écriture: 2014
Aux presque nouveaux parents.
Ce texte serait-il inspiré par la toile qui est dans mon salon ?
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Non, mais je serais curieux de la re-regarder de plus près à l’occasion ! C’était à la base un petit défi que je m’étais lancé : écrire une histoire sur un thème imposé par quelqu’un d’autre, ici, le mot « peinture ».
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moi je veux bien une histoire sur la suite… les nuits sans sommeil et tout et tout. Crois-tu que quelqu’un en fera une toile un jour ? Avec le violet sous les yeux, si si ?
Sans rire ton texte donne envie de voir le tableau !
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Hélas, après cette œuvre, l’artiste n’eut plus le temps de peindre avant quelques années… 🙂
Pour le plaisir des yeux : https://www.flickr.com/photos/57015707@N00/1031262213
(je l’imaginais un peu plus ronde et un peu plus ocre, mais ça retranscrit assez bien l’idée d’ensemble)
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