Le maître

Eidyrn était un maître d’armes réputé bien avant ma naissance. Le meilleur qui soit. Il avait passé plusieurs décennies à améliorer ses réflexes, la fluidité de ses mouvements, la complexité de ses attaques. Il m’avait enseigné l’art de l’épée, dans mes jeunes années, et sous sa tutelle, j’étais devenu bon. J’avais survécu à une dizaine de conflits grâce à ses conseils avisés. Je lui devais la vie et l’aimais pour ça.

Et voilà que, dans cette escarmouche sans importance, il avait surgi de nulle part, là, devant moi. Ce qui aurait dû être un combat désespéré pour les rebelles venait de se transformer en un véritable massacre des forces royalistes, pourtant vastement supérieures en nombre. L’âge n’avait en rien affecté sa maestria. Tous les coups lui souriaient. Il se servait de sa cape comme d’un écran pour masquer ses mouvements, donnait des coups de pied pour déstabiliser ses adversaires, avançait en un tourbillon de lames si rapide qu’il était difficile de distinguer ses deux épées courbes. Tous tombaient devant lui. Son style était tout simplement magnifique, et je me retins d’applaudir à deux mains.

Parce que je me battais pour mon père le roi, qu’Eidyrn nous avait trahis, et que dans quelques instants ce serait à mon tour de me frotter à lui. Je maudis le destin qui nous avait jetés dans des camps opposés et me préparais à passer un sale quart d’heure.

Date d’écriture: 2020

Une réflexion au sujet de « Le maître »

  1. Inspiré du personnage de Benedict dans le cycle des Princes d’Ambre de Roger Zelazny… le cycle entier est simplement génial, mais le combat entre Corwin et Benedict dans le tome 2 remonte encore d’un cran dans mes grands moments de lecture !

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