Quand j’ose dire sur la place publique que je cherche à vaincre la mort, on me traite de fou. On m’associe à ces gens qui fantasment de se transformer en cyborgs, ou au mieux, on m’affirme que la mort est inéluctable et que mon combat est insensé.
Vraiment ? Alors, que faire de l’allongement spectaculaire de notre durée de vie ? Une trentaine d’années au néolithique, contre sept bonnes décennies de nos jours. Soit une vie deux fois plus longue en à peine quelques milliers d’années. Qui ne cesse d’augmenter, de manière constante et ininterrompue, au cours des époques modernes.
Parfois, on me parle du sort peu enviable de ceux qui vivent vieux, leur santé déclinant avec l’âge. Sans se rendre compte que c’est en réalité un argument en faveur de la lutte contre le vieillissement. Parce qu’avec des méthodes permettant de ralentir, voire de stopper la dégradation de notre matériel génétique, de nos organes, de notre cerveau, on changerait entièrement cette tendance. Le vieillissement est de loin la première cause de mortalité humaine. Le stopper, ou au moins le ralentir, sauverait donc des millions, des milliards d’êtres humains peut-être.
Rarement, on me pose la question vraiment intéressante. Pourquoi ? Quel intérêt à vouloir devenir quasi-immortels ?
Imaginez. Vous avez 127 ans, vous avez encore un bon millénaire devant vous. Continuez-vous à saccager la planète comme vous le faites aujourd’hui, en sachant que les conséquences retomberont sur vos épaules ? Élisez vous pour la vingt-septième fois consécutive le même menteur pour vous gouverner, ou trouvez-vous des gens honnêtes pour les mettre aux commandes ? Combien de gens avez-vous eu le temps de rencontrer, combien de liens avez vous pu tisser, combien de compétences avez-vous acquises ?
Avec les années vient l’expérience, la sagesse. Avec la longévité vient la responsabilité de préserver l’environnement dans le temps. Notre espérance de vie nous pousse à penser à court terme. Nous avons besoin de voir plus loin.
Nous avons besoin d’immortels pour sauver notre planète.
Date d’écriture: 2019
Une idée gênante, qui génère toujours un conflit entre mon cœur et mon cerveau. Je ne souhaite pas, du fond de mes tripes, vivre éternellement – en fait, c’est plus ou moins ma vision de l’enfer sur Terre. Mais je n’ai que peu de contre-arguments satisfaisants à cette idée. En fait, si je suis honnête avec moi-même (ce qui m’arrive), je dois bien reconnaitre que je parle avec ma propre vision court-termiste, et biaisée par le fait que j’imagine mes vieilles années comme une longue convalescence. Si je pouvais rester jeune et fort bien plus longtemps, où serait le mal ? Au contraire, cela n’affecterait-il pas ma capacité à prendre de meilleures décisions ?
Si vous souhaitez approfondir ces notions, je recommande ces excellentes vidéos publiées par Mr Phi sur sa chaine de philosophie : https://www.youtube.com/watch?v=Z1UwoMw9jZY et https://www.youtube.com/watch?v=m8pwDJlslsA.
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Et cette histoire fort joyeuse sur la mort est la cent-cinquantième postée sur ce site, un nombre que je n’aurais jamais cru atteindre ! Merci à tous ceux qui me suivent. 🙂
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Bravo ! En attendant, les elfes, y’a que ça de vrai…
d’elfe 😀
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D’ailleurs, si tu en connais un ou deux qui pourrai(en)t témoigner… 🙂
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C’est une belle idée poétique : des immortels pour sauver la planète.
Mais honnêtement, avec tout le temps du monde devant nous, serions-nous plus responsables ou remettrions-nous d’autant plus nos problèmes à plus tard. Le vingtenaire se soucie peu des tracas du trentenaire qui se contrecarre des soucis des quadras qui commence seulement vaguement à se dire qu’un jour il sera quinqa que déjà il sexagénaire et « oh zut, comment vais-je gérer ma retraite »….et « c’est quoi ces histoires que je vieillis »!!!!
Avec l’immortalité, viendra sans doute plus d’expérience, mais l’expérience fera-t’elle la sagesse ? J’en doute, vu notre capacité d’oubli des galères d’une décennie à l’autre et notre recherche incessante du plaisir immédiat. Après tout, les poètes ne cessent de répéter : carpe diem ! Peut-être détruirions-nous la planète d’autant plus en s’imaginant régler le problème plus tard…beaucoup plus tard….
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J’ai l’intuition que si tout, dès la naissance, nous préparait à vivre longuement, notre perspective sur les choses serait vastement différente. Mais de quelle manière, c’est dur à dire – je ne suis qu’un de ces êtres à l’espérance de vie désespérément moyenne. Peut-être effectivement qu’on continuerait à favoriser les gratifications immédiates…
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Oui, ça soulève plein de remarques quant à la qualité de vie, l’instinct de survie/l’amour de la vie, l’euthanasie, etc…
L’avenir de la planète, on peut aussi y penser par rapport à l’idéal qu’on s’en fait pour soi, les autres et aussi notre propre descendance ainsi que plus largement l’avenir de l’espèce humaine ( et aussi celle des autres espèces vivantes ).
Mais tant d’humains n’y pensent que par rapport à leur facilité, leur confort et surtout LE profit… ( enfin, surtout une vision matérialiste du profit…).
Dans ce qu’on a tendance à nommer « progrès » se cachent tant de choses négatives…
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L’euthanasie et l’instinct de survie en particulier, je suis d’accord. Si on pouvait vivre indéfiniment, alors les seules façons de mourir seraient par accident (ou de manière plus rare par assassinat), et… parce qu’on a décidé de cesser de vivre. C’est un des grands arguments des pro-amortalité : on n’oblige personne à vivre pour toujours, n’importe qui peut disposer de sa vie comme il l’entend et quand il le veut.
Un argument un peu léger à mon sens – outre les questions éthiques, on ne décide pas d’en finir avec la vie comme on décide d’aller s’acheter un croissant à la boulangerie du coin. Et si la norme devient un jour de vivre indéfiniment, on peut imaginer que la décision de disposer de sa vie n’en devienne que plus anormale (au sens premier du terme), et donc plus difficile encore, moins acceptée par la société.
Evidemment, c’est une fois encore un jugement de personne qui ne vivra pas indéfiniment. Comment un amortel pourrait-il bien raisonner, c’est difficile à dire. Mais ça me semble juste une projection logique.
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Une terre peuplée de centenaires et plus ? Pouah ! Plus de place pour les jeunes ? Plus de nouveaux venus?
A ne souhaiter à personne ! Restons mortels ici bas (immortels si l’on y croit, dans un au delà peut-être pas si lointain de nous…)Si nous ne sommes pas capables d’évaluer ce que nous avons à faire avec une vie limitée, tristes humains sommes-nous.Inutile de nous prolonger…
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De toutes façons, c’est arrivé !
https://www.franceinter.fr/emissions/cherie-j-ai-reboote-le-shaker/cherie-j-ai-reboote-le-shaker-27-juin-2015
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