Depuis quand aider son prochain est-il un délit ? Si quelqu’un se noie à quelques encablures, puis-je vraiment le remettre à l’eau et le voir crever sans ciller ? Ma vie vaut-elle donc mieux que la sienne ?
Je suis né dans un monde où tout se chiffre. En cas de crash d’avion, l’assurance monnaiera la vie d’un Burkinabé vingt-cinq fois moins que la mienne. Il y a une logique derrière cela, je le comprends bien. Un Burkinabé gagne en moyenne vingt-cinq fois moins que moi, sa disparition laisse donc à sa famille un manque à gagner vingt-cinq fois moindre.
Il y a une logique derrière cela, mais elle est plus horrible encore qu’un crash aérien. Parce qu’elle a été calculée, analysée, disséquée. Et finalement, approuvée. Je crois entendre VIKI s’exclamer « ma logique est indiscutable ». Mais ce calcul, ce sont des hommes qui l’ont fait, pas des machines. Les enfants de ce pauvre Burkinabé le pleureront-ils donc vingt-cinq fois moins que les miens ? Comment peut-on calculer la vie d’un être humain ?
J’écrivais il y a quelques années ma peur de voir les hommes perdre toute empathie envers les leurs. Cette peur, je la comprends mieux aujourd’hui. Je vis dans un monde où ce genre de calcul a été institutionnalisé et estampillé. Par qui ? Dur à dire, le système n’a pas vraiment visage. Mais tout de même, il y a bien quelqu’un qui prend ce genre de décisions ? Sans doute, mais ce serait trop simple de lui faire porter toute la faute. Il l’a fait parce qu’il le pouvait. Je me sens responsable pour avoir créé et accepté tout ça.
Cette société ne me correspond pas, et je ne sais pas trop comment faire dérailler la machine. Tout ce que je sais, c’est que je ne veux pas en être un rouage consentant.
Date d’écriture: 2018
Allez, à trois, on arrête les conneries. Un… deux…
Pas une histoire mais un plaidoyer pour ce 75-ème post. Dans les sources d’inspiration, en vrac, des héros modernes comme Cédric Herrou ou SOS Méditerranée, des artistes engagés comme Vincent Verzat, Klaire fait grr ou Et tout le monde s’en fout, des fictions philosophiques comme Torment ou les œuvres d’Aasimov. Et des politiques qui refusent d’accueillir moults migrants, des crétins qui bloquent les cols alpins ou des médias qui oublient que derrière la crise migratoire, il y a des vrais gens qui souffrent, pas juste des statistiques. Vi… malheureusement il n’y a pas que des sources d’inspiration glorieuses.
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Merci au veau d’or et au capitalisme d’avoir institutionnalisé l’inhumanité… Allez, bon dimanche ! 😀
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