Le souvenir

Je me souviens. Je gambade dans le parc, je vais si vite que les fleurs autour deviennent toutes floues. Il vient de pleuvoir, ça sent bon. Ma maman me court après, je pleure très fort quand elle m’attrape et qu’elle m’emmène à la maison. C’est mon premier souvenir. Juste avant qu’on ne déménage.

Je me souviens. J’arrive dans ma nouvelle école. Maman discute longtemps avec le directeur. Ils m’emmènent dans une classe avec plein de visages inconnus. J’ai tellement peur, je ne réponds pas tout de suite quand le professeur m’appelle par mon nom. Heureusement les autres sont gentils avec moi, surtout Cécile et Jérémy.

Je me souviens. Je mange le gâteau à l’anniversaire de Cécile. Il est encore plus gros que celui de l’an dernier. Je n’ai pas le temps de finir ma part, des policiers arrivent et me ramènent à la maison. Il y a des lumières rouges et bleues un peu partout. Ma mère leur crie dessus. Ils l’emmènent dans une de leurs voitures. J’ai très peur. Une femme arrive. Elle pleure et me serre très fort dans ses bras. Elle me dit que tout ira bien maintenant.

Je me souviens. C’est elle, ma vraie maman.

 

Date d’écriture: 2013
Aux enfants arrachés à leur famille.

7 réflexions au sujet de « Le souvenir »

  1. De toutes mes histoires, c’est indiscutablement celle-ci qui me tient le plus à cœur. Je l’ai écrite après avoir vu un fait divers d’enlèvement, mon propre enfant sur les genoux, en me demandant ce que je ressentirais si ça m’arrivait, et sans prévenir mes yeux se sont mis à couler.

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  2. Champ’, ben je vous suis alors ! Mais tu en es moins fan que nous !

    Merci pour les explications quant à l’origine de l’histoire. Je me demandais quelle pouvait en être l’origine.

    Toi, tu n’as pas failli être rapté, je te surveillais trop 😉 !
    Je me demandais si tu n’avais pas une angoisse par rapport aux petits chéris, mais je comprends mieux si tu as vu la scène…
    C’était donc en Californie ?

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  3. Vi, c’était en Californie. Les alertes pour enlèvements y sont extrêmement bien diffusées dans la population.

    Cela dit, personne n’est à l’abri – dans un lieu public (genre, un magasin, un café, etc.), il suffit souvent moins de quelques secondes d’inattention pour mettre une poussette hors de vue des parents (de mémoire, une quinzaine en général). Autant dire, un clin d’œil – tu fouilles un peu trop longtemps dans ton sac pour trouver ton porte-monnaie, tu hésites un peu trop longuement entre deux vêtements… pouf.

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