J’ai connu la guerre et j’ai connu la paix.
La première a fait de moi un homme d’honneur. Pendant la guerre, je ne faisais qu’un avec mes camarades. Plus d’un a succombé au combat, sûr. Une mort honorable. Mais même au pire de la bataille, on se serrait toujours les coudes. On était comme frères et sœurs, tous égaux sous le feu ennemi. Personne, jamais, ne restait sur le carreau. Une vie honorable. Et puis une quelconque huile a décidé que la guerre avait assez duré. Alors je suis rentré au pays.
La seconde… bah ! A mon retour, ma femme était partie. Par lassitude, pour un autre homme ? Je ne sais pas. Les traites de la maison couraient toujours, alors je me suis cherché un boulot. Quand on m’a demandé mes qualifications… je sais me battre. J’ai jamais appris que ça. On ne m’a pas embauché. J’ai perdu ma maison. Je me suis trouvé à la rue. Les gens ont commencé à me regarder bizarre, comme un parasite. Je me suis battu pour leur liberté, putain ! Je pouvais pas le supporter, alors je me suis mis à boire. Et je meurs à petit feu, seul, dans le caniveau. Méprisé par les gens que je voulais protéger.
J’ai connu la guerre et j’ai connu la paix. La première a fait de moi un homme d’honneur, et la seconde, un marginal, un ivrogne, un parasite.
Putain !
Date d’écriture: 2020
Aux vétérans devenus inadaptés.
J’ai beaucoup de compassion pour ces vétérans qui ont vécu l’enfer, et sont rentrés au pays pour trouver leur vie plus en ruine encore. Je ne suis pas tout à fait sûr de ce que ça dit de nous en tant que société… rien de bon a-priori.
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