La boite

Je regarde par la fenêtre. Au loin, un océan de béton, de métal et de panneaux photovoltaïques se perd dans la brume. Je souris. Cet appartement me coûte deux fois plus que ses équivalents dans le sous-sol, mais la vue en vaut la peine. Elle dépasse de loin tous les programmes holographiques que j’ai pu voir, maigres ersatz de fenêtres pour les logements souterrains.

Pourtant, il ne se passe pas grand-chose. Une succession de jours et de nuits affecte la luminosité et… c’est plus ou moins tout. Quand je pense que, dans les temps anciens, ces cycles circadiens réglaient le rythme du travail. Mais au vingt-cinquième siècle, ce monde fut finalement converti en œcuménopole. La surface entière de la planète se trouva recouverte de bâtiments. Faute de place à la surface, les humains colonisèrent le sous-sol. Ils cessèrent alors de se préoccuper des cycles d’un soleil qu’ils ne voyaient presque plus.

Et aujourd’hui, trois siècles plus tard, je suis un des derniers humains à l’admirer régulièrement. Il n’y a pas grand-chose à voir, c’est vrai, mais je ne renoncerais à ce spectacle pour rien au monde. Il me rappelle qu’il y a jadis eu autre chose auquel aspirer, autre chose qu’une vie entière enfermé dans cette boite géante que l’on nomme Terrae.

Date d’écriture: 2019

Une réflexion au sujet de « La boite »

  1. Je re(re-re-re…)lis Fondation d’Isaac Asimov en ce moment… et je suis, comme à chaque lecture, soufflé par l’univers incroyable qu’il a créé. Bref, ce texte est lourdement inspiré par certaines des thématiques qu’il aborde dans son oeuvre, en particulier les quelques descriptions de Trantor à son heure de gloire.

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