Voyage dans le temps

Alors c’est comme ça que les premiers voyageurs temporels ont dû se sentir. Un saut en avant de quelques décennies, sans retour possible. Le voyage dans le temps n’a jamais marché que vers l’avant. En sortant du bond, ils ont dû retrouver les lieux plus ou moins identiques. Oh, bien entendu, quelques détails ont tout de même changé – la place centrale a été rénovée, des magasins ont fermé, des voies sont devenues piétonnes… mais rien de dramatique, rien qui ne rende la ville méconnaissable.

Et puis ils ont marché dans les rues et le sentiment de familiarité s’est évanoui. Tous ceux qu’ils connaissaient ont maintenant disparu, une nouvelle génération a recouvert l’espace urbain. Les amis avec qui ils buvaient des verres, les commerçants avec qui ils plaisantaient, même les connaissances lourdingues qu’ils cherchaient à éviter… tous partis.

Alors ils se sont sentis étrangers en leur propre demeure. Peut-être même ont-ils voulu revenir. Trop tard. Le temps ne s’écoule que dans un sens et rien n’inverse son flux. Seuls restent les souvenirs d’instants consommés, heureux ou tristes, puissants, rassurants. Leur dernier port d’attache.

Je n’ai jamais sauté à travers le temps, mais je connais fort bien ce sentiment. Je le ressens à chaque fois que je retourne dans la ville où j’ai grandi.

Date d’écriture: 2018

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